Jean-Pierre Chevènement
Né le 9 mars 1939 à Belfort (Territoire de Belfort).
Ancien élève de l'École Nationale d'Administration (promotion "Stendhal").
Étudiant gaulliste "de gauche" sympathisant du club Patrie et Progrès de
Philippe Rossillon. Adhère au Parti Socialiste SFIO en
décembre 1964. Cofondateur en janvier 1966 - avec Georges Sarre, Didier
Motchane (ex-Patrie et Progrès) et Alain Gomez (ex-Patrie et Progrès) - du
Centre d'Études, de Recherches et d'Éducation Socialistes (CÉRÈS). Le CÉRÈS
deviendra un des principaux courants du PS à partir du congrès d'Épinay
(juin 1971); il sera remplacé le 14 avril 1986 par Socialisme et République.
Élu député de la Nation aux élections législatives de 1973 à 1997.
Ministre d'État, ministre de la Recherche et de la Technologie puis de la
Recherche et de l'Industrie des deux premiers gouvernements de Pierre Mauroy
(1981-1983). Refuse de participer au troisième gouvernement de Pierre Mauroy
pour s'opposer au tournant libéral du PS. Maire de
Belfort (Territoire de Belfort) de 1983 à 1997 et depuis les élections
municipales de 2001. Fondateur du club République Moderne
en octobre 1983. Ministre de l'Éducation nationale du
gouvernement de Laurent Fabius (1984-1986). Ministre de
la Défense des gouvernements de Michel Rocard (1988-1991). Démissionne le 29
janvier 1991 pour s'opposer à la guerre contre l'Irak. Réélu député de la
Nation lors d'une élection législative partielle (10 juin 1991).
Quitte la direction du PS en juillet 1992 afin de faire campagne pour le NON
au traité de Maastricht. Fondateur le 30 août 1992 du Mouvement des Citoyen
(président : Max Gallo). En avril-mai 1993, démissionne du PS et transforme
le Mouvement des Citoyens (MDC) en parti politique, dont il devient
président. Obtient 2,54% des suffrages exprimés aux
élections européennes de 1994. Sa liste "L'Autre politique" réunissait des
candidats socialistes (MDC), féministes, communistes, gaullistes et
radicaux. Ministre de l'Intérieur du gouvernement de
Lionel Jospin. Démissionne le 29 août 2000 pour s'opposer au projet de loi
régionaliste de Lionel Jospin sur la Corse. Réélu député de la Nation lors
d'une élection législative partielle (22 octobre 2000). Remplacé par Georges
Sarre à la présidence du MDC (9 juin 2001).
(...) Je n'ai eu - je puis le dire en conscience -
que le souci de servir l'intérêt public. Certes, de celui-ci je me
faisais une certaine idée qui entrait quelques fois en contradiction
avec la ligne dominante. J'entendais peser à ma place sur la ligne
générale. Je ne songeais pas à parvenir au premier rang en mettant sous
le boisseau les idées que je croyais justes.
L'essentiel était pour moi de remplir la tâche qui m'était confiée, en
servant le pays et en pesant autant que je le pouvais de l'intérieur du
gouvernement.
L'opinion se souvient de mes trois démissions qu'on lui rappelle
régulièrement. Elles traduisent simplement l'exigence que j'ai toujours
maintenue dans l'exercice de mes fonctions : quand je ne suis plus en
harmonie avec la ligne générale fixée au départ par le gouvernement,
quand je sens que je ne peux plus signifier quelque chose qui me
rendrait reconnaissable aux yeux de ceux qui me font confiance, je
préfère me retirer, quitte à m'effacer.
Ainsi je ne pouvais cautionner :
-
ni le tournant de 1983, qui marquait le renoncement au grand dessein
de modernisation technologique de notre tissu industriel et le
ralliement à "la seule politique possible" proclamée par le
conservatisme libéral alors triomphant. Simple parenthèse libérale,
selon Lionel Jospin, mais vrai coup d'envoi de la mondialisation
libérale.
-
ni l'engagement de la France, en 1990-1991, dans la croisade
américaine contre l'Irak, au mépris des orientations de notre politique
étrangère et au risque d'encourager partout l'intégrisme risque avéré,
hélas, avec la tragédie du 11 septembre 2002.
-
ni le retournement, en juillet 2000, de la politique en Corse,
retournement emblématique d'une dérive plus profonde encore qui nous
éloignait de la République et de ses principes, et grave coup porté à
l'État, qui, en France, ne fait qu'un avec la nation.
Jean-Pierre Chevènement, Le courage de décider, pages
57-58 |
Le 4
septembre 2001, déclare sa candidature à l'élection présidentielle de 2002.
Fonde le 19 janvier 2002 un Pôle Républicain réunissant le MDC, des
républicains de gauche, des radicaux, des gaullistes et des souverainistes.
La gauche et la droite continueront d'exister à
l'avenir sous des formes et avec des contenus différents, mais il y a
une chose qui est au-dessus de la droite, au-dessus de la gauche, c'est
la République ! Il y a tout à gagner à mener de front le combat pour la
justice sociale et le combat pour la France.
(...)
Je veux réapprendre aux Français à faire de la politique dignement, ce
dont on les a déshabitués en les rendant prisonniers d'un clivage qui
aujourd'hui ne signifie plus rien et n'engendre que fausses oppositions
et scléroses de toute nature. C'est en sortant de ce système "du pareil
au même" que nous pourrons retrouver le courage de décider. C'est ainsi
que, loin des conformismes paralysants, nous pourrons résoudre
positivement les problèmes de la société française.
C'est ce grand renouvellement que je propose à notre pays et à sa
jeunesse, par la voie la plus simple qui soit : celle de la démocratie.
Obligeons au débat ceux qui s'y dérobent. Ils veulent confisquer la
démocratie : j'en appelle à une révolte citoyenne. L'occasion de
rebattre en profondeur toutes les données de la vie politique française
ne se représentera pas de sitôt au cadran de notre histoire.
Saisissons-la !
Ensemble nous pouvons refonder la République ! Elle sera, demain comme
hier, la force de la France.
Jean-Pierre Chevènement, Le courage de décider, pages
204-205 et pages 207-208 |
Obtient 5,33% des suffrages exprimés au premier tour de l'élection
présidentielle. Aux élections législatives, tous les candidats du Pôle
Républicain sont battus (lui-même obtient 46,6% au second tour dans la 2e
circonscription du Territoire de Belfort). Depuis le 26
janvier 2003, président d'honneur du
Mouvement Républicain et Citoyen MRC
et président d'un éphémère Pôle Républicain (en sommeil). Le Pôle
Républicain réunissait le MRC, le Cercle de l'Union, l'association
République Culture, l'Union des Jeunes Républicains (UJR), l'Union Gaulliste
pour une France Républicaine (UGFR), l'Union des Républicains Radicaux (U2R)
et l'association Vive la République (VLR!). Soutient la
sociale-libérale Ségolène Royal (PS) à l'élection présidentielle de 2007.
Élu sénateur
MRC du Territoire de Belfort le 21 septembre 2008.
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