Hommage à Coralie Delaume
Je ne suis qu'un anonyme parmi les militants qui ont eu la chance humaine de connaître Coralie Delaume.
Notre première vraie rencontre, ce fut lors d'une réunion politique fermée.
À l'issue, elle était venue me demander si j'étais Laurent qu'elle avait connu à l'IEP de Grenoble.
Je ne me souvenais plus d'elle, mais c'était moi, caché sous un pseudonyme pour des raisons professionnelles.
Elle-même n'était pas encore Coralie Delaume mais Laura Blanc.
Un jour, Laura Blanc, commissaire de l'armée de terre, a disparu de mes contacts. Pour
mieux réapparaître, un autre jour, sous l'identité de Coralie Delaume.
Changement de champ de bataille.
Elle est alors devenue une complice politique. Marquante et attachante,
drôle, malicieuse et innocente (*), rigoureuse, méticuleuse et exigeante (d'abord
envers elle-même), si fragile dans ses doutes, si forte pour défendre ses
convictions. Pour moi aussi, Laura est définitivement devenue Coralie. Car,
comme l'écrit avec justesse un compagnon de ce temps-là, David Desgouilles: "Coralie Delaume, c'est comme Johnny
Hallyday. On l'appelle avec son nom de scène."
Le chevènementisme, son blog L'Arène nue, la Gauche populaire...
Lors de notre dernier café ensemble, il y a déjà trop longtemps, nous avions fait la tournée
virtuelle des grandes têtes de notre diaspora politique: "Tu connais
bien...? Que penses-tu de...? Tu crois que je pourrais contacter...?" Pour la première fois aussi, elle m'avait exposé
des interrogations sur sa vie privée.
Puis nos chemins se sont personnellement écartés, sans jamais politiquement se séparer.
Publiée, invitée: Coralie Delaume est devenue une grande intellectuelle
et combattante de notre camp
républicain, donc forcément souverainiste et social(iste). On dit
communément: "nul n'est irremplaçable". Je préfère dire: "certes, nul
n'est irremplaçable, c'est pour cela que la terre ne s'arrête pas de
tourner; mais nul n'est pas non plus interchangeable, c'est pour cela
qu'après le monde n'est plus comme avant".
Lorsque disparaît quelqu'un qu'on a connu, on a souvent des regrets.
J'en ai plusieurs en ce jour de deuil.
Le principal est d'avoir laissé ce lien amical se relâcher. Merci à ceux
qui ont accompagné Coralie dans ses combats politiques de la maturité (notamment David Cayla), merci à ceux - parfois les mêmes - qui ont
accompagné Laura dans son combat intime et ultime. Mes pensées émues
accompagnent ses proches, en particulier sa sœur.
* Comme l'a joliment écrit Gérald Andrieu, un autre
camarade de la bande
à Philippe Cohen (également abattu en plein vol par un cancer): "...chaque fois
qu’un interlocuteur lui dévoilait une pratique détestable du milieu
intello-politico-médiatique – et il n’en manque pas: endogamie, collusion,
mesquineries, renvois d’ascenseur... –, Coralie accueillait l’anecdote d’un
«Ah bon? Mais comment osent-ils?» sincèrement outré, presque enfantin.
Comme une gamine à qui on apprendrait que le Père Noël n’existe pas."
Laurent Pelvey,
15 décembre 2020.
Sélection (subjective) des hommages à Coralie Delaume:
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